samedi 26 mars 2011

Negawatt


Accident nucléaire oblige, le scénario négaWatt revient sur le devant de la scène.

L'association négaWatt, qui fédère des centaines de spécialistes, de l'énergie a ainsi élaboré une stratégie crédible pour atteindre l'objectif d'une réduction de 80% de nos émissions de gaz à effet de serre (le "facteur 4") à l'horizon 2050, sans perte de souveraineté énergétique, et en assurant une sortie du nucléaire.

L'originalité de la démarche est qu'elle ne repose ni sur une hypothèse de décroissance (les calculs négaWatt prennent en compte l'hypothèse d'un doublement de l'usage de l'électricité, une mobilité accrue de 15%, une augmentation des surfaces construites et de la population...), ni sur  des ruptures technologiques massives permettant de relever facilement le défi énergétique.

La démarche s'appuie sur trois volets :
- la sobriété énergétique, qui consiste à supprimer les gaspillages et les besoins superflus,
- l’efficacité énergétique, qui permet de réduire les consommations d’énergie pour un besoin donné,
- les énergies renouvelables, qui répondent à nos besoins énergétiques avec un faible impact sur notre environnement et une gestion décentralisée.

Il faut lire le scénario négaWatt, actualisé en 2006, pour de multiples raisons.

Tout d'abord, les hypothèses prises en compte dans  l'étude contribuent, s'il en était encore besoin (apparemment oui puisqu'on entend toujours cet argument débilissime dans les médias), à prouver que la démarche écologique n'a rien à voir avec un retour à l'âge de pierre ou à l'éclairage à la bougie.

Ensuite, le scénario insiste sur la primauté des économies d'énergie sur le développement des énergies renouvelables qui constituent un complément indispensable mais non suffisant à l'atteinte des objectifs.

Enfin, le scénario négaWatt est éminemment politique dans son volontarisme, sa démarche d'anticipation, sa réflexion sur les choix, sa conviction d'une possibilité de faire évoluer les structures sur le long terme. 

Ce projet que l'on pourrait craindre très bureaucratique et jacobin repose au contraire sur un souci d'appropriation par les populations, de déconcentration et relocalisation des activités et d'incitation des comportements vertueux (essentiellement par la fiscalité) plutôt que sur la contrainte.

On peut simplement regretter que les instruments concrets permettant d'atteindre les objectifs soient insuffisamment décrits, de même que les coûts des politiques citées dans le scénario, et donc le poids des outils de financement à mettre en place, ne soient pas chiffrées. 

http://www.negawatt.org/index.htm


Le scénario négaWatt pour la France par dijon-ecolo

jeudi 24 mars 2011

Anderson & Low

Jonathan Anderson et Edwin Low collaborent depuis les années 1990.

Ils multiplient les séries sur des thèmes hétéroclites : l'abstraction, les portraits, les paysages, l'architecture, le nu...

Leur travail le plus connu porte sur les corps à travers les séries Athlete/Warrior, Circus ou The Athlete.


Anderson & Low // Athltete Warrior (Ben Couchman, Waterpolo)

Anderson & Low // Champions (Ross Brewer, British gymnast)

Anderson & Low // Circus (Simon, Wheel gymnast #1)

Anderson & Low // Champions (Steve McCain, American gymnast)

Anderson & Low // The Athlete (Michael Klim, Swimmer, Autsralia)

La dernière série Manga Dreams abordent les questions de la projection de l'identité par l'apparence et de la frontière floue entre le rêve et la réalité.

De jeunes asiatiques grimés et costumés arborent des postures mangas et vivent ainsi leurs rêves : Manga Dreams.

L'image, retravaillée en studio, magnifie et dans le même temps artificialise le résultat.


Anderson & Low // Manga Dreams
Anderson & Low // Manga Dreams (Acqua Boy)
Anderson & Low // Manga Dreams (Alan with gun)
Anderson & Low // Manga Dreams (4 Swordsmen)

http://www.andersonandlow.com/

http://www.hamiltonsgallery.com/

samedi 19 mars 2011

Andreas // Rork (T3) Le Cimetière des Cathédrales

Andreas // Rork (T3) Le Cimetière des Cathédrales

L'histoire :

Une équipe d'explorateurs parcourt la jungle sud-américaine à la recherche des traces d'un groupe de catholiques exilés à l'époque de l'Inquisition espagnole. Ceux-ci, issus d'une lignée d'architectes ayant mis au point un nombre incalculables de plans et de méthodes de constructions de cathédrales, ont disparu depuis des siècles et les érudits cherchent à savoir ce que leur communauté est devenue. 

Alors que les explorateurs sont confrontés à la dangereuse population indienne de la jungle, Rork apparait soudainement à leurs côtés, revenu dans le monde réel suite à sa disparition en fin de tome précédent.  


Le Cimetière des Cathédrales // Retour sur Terre


Mon avis :


Le troisième tome marque une rupture dans les aventures de Rork
Désormais, les albums racontent des histoires complètes et Andreas commence à introduire les personnages qui l'accompagneront jusqu'à la conclusion de la saga.


Le prologue et la conclusion du récit mettent en scène pour la première fois les chouettes qui semblent en savoir long sur Rork et qui annoncent son "retour" prochain.
Le diabolique Damaloch fait une furtive apparition tandis que le destin de Yosta croise celui de Rork qui lui promet de le revoir dans un an.


Le style graphique d'Andréas fait merveille. Il enchaîne les styles (le journal du Professeur Wallace, les enluminures contant l'histoire des "Chavoisiens"), les découpages audacieux (p. 36, p. 43...) et les planches grandioses (la découverte du Cimetière des Cathédrales est probablement la meilleure de la série).


Le scénario est toujours à la hauteur.


Une fois qu'on a vécu le choc du Cimetière des Cathédrales, on ne peut que devenir inconditionnel des aventures de Rork.


Le Cimetière des Cathédrales

jeudi 17 mars 2011

Joy // New York (Empire state of mind Remix)

Sabine Pigalle

La photographe parisienne Sabine Pigalle, ancienne disciple d'Helmut Newton, mélange figures divines ou mythologiques, peintures primitives flamandes et critique d'une société abreuvée d'images vidées de sens.

Sabine Pigalle s'illustre notamment par ses séries "Protectors", qui représente les saint patrons des professions; "Paris - Tokyo", poésies nécro-oniriques euro-japonaises; "Ecce Homo", réflexions graphiques sur les figures de la crucifixion et du corps féminin ou "Beauty Sheets" qui dénonce la quête d'immortalité esthétique.

Esthétique contemporaine, références historiques, questionnements psychologiques modernes...

Que demander de mieux?

Sabine Pigalle // Deathcare Insurance company 

Sabine Pigalle // Ecce Homo

Sabine Pigalle // Ecce Homo

Sabine Pigalle // Ecce Homo

Sabine Pigalle // Estrées sisters syndrom

Sabine Pigalle // Paris - Tokyo

mercredi 16 mars 2011

Atlantico // Politico Scanner

Atlantico // Politico Scanner

Sur Atlantico, nouveau site d'information gratuit, on retrouve une analyse des cycles de proximité partisane droite/gauche des Français depuis 30 ans, contribuant à expliquer le résultat des dernières élections.

Bien entendu, l'article conclut que rien ne peut être prédit pour 2012!

mardi 15 mars 2011

Brugeas - Toulhoat // Block 109 : Opération Soleil de Plomb

Brugeas - Toulhoat // Opération Soleil de Plomb (couverture)

L'histoire

Août 1945, l’Allemagne nazie a pris pied sur le continent africain.
Octobre 1946, la SS entre au Congo belge, afin de prendre le contrôle de ses mines d’uranium et de coltan. Sur place, la résistance, qui semble être organisée par un reliquat des forces Alliés, commandé par le Général Leclerc, met les forces allemandes à rude épreuve. Le Reich décide alors d’y envoyer une unité constituée d’hommes des légions pénales. Sa mission : trouver Leclerc et ses hommes, et les éliminer.

Brugeas - Toulhoat // Opération Soleil de Plomb (planche 27)

Mon avis

On est soulagé de voir que la série uchronique de Brugeas et Toulhoat puisse encore donner quelque chose après un second tome aérien (Etoile Rouge) aussi décevant que le premier épisode était brillant (Block109).

En effet, on lit avec plaisir les aventures de la SS au coeur de l'enfert vert du Congo belge.

Le dessin réaliste est de très bonne facture et les scènes de bataille brillamment réalisées.

Les références à "Apocalypse Now" (l'action a été transposée par Coppola au Vietnam mais le livre de Conrad place à l'origine l'intrigue au Congo) ou "Platoon" sont explicites et assumées par les auteurs qui remercient les réalisateurs en introduction.

Dommage que l'on ne retrouve toujours pas la complexité du scénario du premier volet de la série.

Très bien tout de même!


Brugeas - Toulhoat // Opération Soleil de Plomb (planche 32)

Block 109 : Opération soleil de plomb
Scénario :
Vincent Brugeas
Dessin : Ronan Toulhoat
Edition : Akiléos
Date de parution :
Dispo

lundi 14 mars 2011

Oren Peli // Paranormal Activity

 
L'histoire
Un jeune couple suspecte leur maison d'être hantée par un esprit démoniaque. Ils décident alors de mettre en place une surveillance vidéo durant leur sommeil afin d'enregistrer les évènements nocturnes dont ils sont les victimes. Les images récupérées de septembre à octobre 2006 ont été montées en un film de 86 minutes, "Paranormal Activity".

Mon avis
Paranormal Activity est connu comme un modèle de marketing viral de de la rareté.
Le coût de production n'as pas dépassé 15 000 dollars mais la Paramount a englouti des sommes considérables dans la promotion du film, ce pourquoi on peut difficilement parler de "petit film".
Le studio ne s'est pas trompé puisque sa production a rapporté plus de 100 millions de recettes en quelques semaines d'exploitation.

Le film n'a d'abord été sorti que dans 12 salles et au fur et à mesure que les rumeurs se répandaient sur Internet, la diffusion a été élargie.
Le succès fut aussi assuré par une bande-annonce efficace vue plus de 11 millions de fois sur YouTube.

 Le film n'a pas connu le même succès en Europe.

Peut-être parce que le film est mauvais?

Le scénario indigent et qui n'hésite pas à resservir tous les clichés du genre (grincements de parquet, portes qui claquent et table de Wija...) est laborieusement porté par des acteurs manifestement peu convaincus.

A défaut d'action, les dialogues sont omniprésents et pesants. Cela sent le remplissage quoique c'est assez courant dans les films américains où tout le monde passe son temps à raconter tout ce qui lui passe par la tête. On devine le nombre de "I mean...", "You know what I mean...", "Do you know what I mean..." qui doivent émailler la version originale.

La seule bonne idée du film est la répétition des plans fixes sur le lit conjugal, les nuits où se déroulent les incidents. Certains y ont vu une métaphore sur l'enfer du couple et une charge sur l'arnaque du modèle du bonheur pavillonnaire américain.


Je ne pense pas que le réalisateur ait voulu allé aussi loin...
Le problème majeur du film tient au fait qu'il ne fait jamais peur ce qui est problématique pour un film d'horreur.

On est donc bien loin du modèle cité explicitement par le film, à savoir Blair Witch.

Paranormal Activity est plutôt un modèle des films hollywoodiens : beaucoup de marketing, une bande annonce efficace et rien derrière.


Film américain (2009) d'Oren Peli avec Katie Featherston, Micah Sloat. (1 h 26.)

dimanche 13 mars 2011

Andreas // Rork (T1) Fragments + (T2) Passages

Rork Tome 1 / Fragments (couverture)

T1 : Fragments

Le premier tome des aventures de Rork se distingue par sa structure. Il se présente comme un recueil de petites nouvelles graphiques autonomes. En effet, Rork n'était pas initialement conçu comme une série ni même comme un album cohérent. Andreas travaillait pour la revue Tintin/Hello BD à qui il livrait les aventures fantastiques de Rork à un rythme irrégulier de 1978 à 1980.
Les premières histoires de Rork seront finalement regroupées dans le bien nommé album Fragments en 1984.

Un recueil de nouvelles lovecraftiennes

Fragments rassemble ainsi "Un Siècle pour une Maison" dans laquelle Rork rencontre le jeune écrivain Bernard Wright (allusion au dessinateur de comics Bernie Wrightson qui réalisa l'illustration mythique d'un Frankenstein et dont les gravures en premières pages sont une référence directe, de l'avis même d'Andreas) confronté à une mystérieuse menace.

Bernie Wrightson // Frankenstein
Dans l'épisode "Point Fatal", Rork rejoint son ami Adam Neels (en hommage à Neal Adams, autre dessinateur inspirant Andreas) qui lui dévoile sa découverte (comment trouver le point fatal de chaque sphère permettant de la faire éclater d'une simple pression).
Dans "La Tâche", Rork est confronté pour la première fois à une créature extraterrestre assez mal intentionnée.
Rork fait ensuite la connaissance d'une mystérieuse jeune femme qui a perdu la mémoire sous l'effet d'une force tellurique dans "Low Valley" (qui devient son nom) et qui se révèle dotée de puissants pouvoirs télékinésiques ("Fragments").
La Tâche extraterrestre s'empare de l'esprit de Miss Deliah Darkthorn ("Le Retour de la Tâche") , le véritable nom de Low Valley, et entraîne "Rork à New York" dans le dernier épisode de l'album, qui se révèle un traquenard (a priori) mortel pour notre étrange enquêteur.

Dans ce premier tome, on apprend très peu de choses sur le personnage de Rork lui-même, son histoire, sa formation, ses motivations profondes. On comprend simplement qu'il s'agit d'un personnage empli de mystères et de connaissances ésotériques, avides de résoudre les énigmes, et dont l'existence est connue de forces puissantes et invisibles (c'est à l'aide de Rork qu'ont fait appel la civilisation aquatique d'"Un Siècle pour une Maison").

Rork Tome 1 / Fragments (Un Siècle pour une Maison)

Néanmoins, Fragments préfigure quelques éléments structurants de la série Rork.
Au niveau du scénario, on retrouve l'influence de Lovecraft et Poe dans le goût pour l'horreur et le fantastique.

L'épisode "Low Valley" marque une évolution dans le style graphique d'Andreas. Le trait et les coloris s'affinent. 
On commence à percevoir le talent d'Andreas, qui prendra toute son virtuosité dans les albums suivants, pour structurer les pages.

Andreas aime truffer ses images d'éléments secrets qui ne peuvent être découverts qu'après plusieurs relectures.
Dans "Point Fatal", en page 23, dans la case qui décrit dans une vue d'oiseau l'attaque du repaire de Neels par les villageois, on découvre que la maison est soutenue par un dispositif aérien de câbles destinés à soulager la pression sur ses fondations (le chercheur croit qu'il a établi son laboratoire sur le Point Fatal de la Terre).
Sur la page suivante, lorsque Rork évoque la puissance des forces qui menacent la planète, on aperçoit dans le ciel étoilé un point bleu qui évoque le vaisseau qui a préalablement bombardé le domicile de Neels.

De plus les trois derniers histoires sont connectées et la "conclusion" du dernier épisode est une invitation claire à la poursuite de la série.


Rork Tome 2 / Passages (couverture)

Tome 2 : Passages

Passages est le miroir autant que la suite de Fragments.

Des réponses et des questions
 
Contrairement au précédent opus, Passages est conçu comme un véritable album, cohérent et linéaire.
 
L’enquête du détective privé Raffington Event (qui dispose de sa propre série chez Andreas) sur la mort de Rork est le prétexte à une série de flash-back qui raconte la vie du héros jusqu’à sa « disparition ».
 
L’album est balisé d’étapes qui répondent aux questions non résolues sur les motivations de Rork posées par les nouvelles de Fragments et est organisé pour relier les intrigues et les personnages en un flux cohérent.
 
La scène finale rassemble d’ailleurs tous les acteurs du premier tome autour du personnage central.
 
On découvre ainsi l’origine super-naturelle de Rork (p. 16 : l'apparition de Rork,  p. 50 : "Imaginez seulement : un homme d'apparemment 30 ans mais qui en a 300!",  p. 20 : son don de prescience...).
 
Rork Tome 2 / Passages (page 19)

Son intelligence et sa curiosité hors du commun lui ont valu d’être initié à de multiples secrets ésotériques par Tanemanar (le Maître des Rêves) et surtout au secret des Passages qui lui permet d’accéder à des mondes parallèles.
 
Néanmoins, il n’a le droit d’utiliser ce pouvoir qu’une seule fois, au risque de subir les foudres de Pharass, le gardien du Passage.
 
On apprend que Rork a échappé à l’attentat de la fin de Fragments en utilisant ce pouvoir pour la seconde fois.
 
En effet, dans une précédente aventure qui nous rappelle l’ambiance du premier album et fait intervenir le personnage de Bernard Wright, Rork  fut contraint de migrer vers un autre monde afin d'échapper à une mort atroce.
 
Dès lors, il est traqué par Pharass.
 
Personnage intéressant que ce gardien du passage qui est le miroir inversé de Rork. Il a le cheveu aussi noir que la chevelure de Rork est blanche. A l’inverse, il est tout vêtu de blanc tandis que Rork s’habille en noir.
 
S’il se range dans le camp des méchants (il a organisé l’incendie de la maison d’enfance de Rork), son rôle est assez ambivalent. C’est lui qui libère Miss Deliah Darkthorn et Ebezener de l’influence maléfique de la Tâche et ses intentions à l’égard de Rork sont motivées par des considérations assez nobles (il craint que les pouvoirs de Rork ne nuisent à l’équilibre du monde).
 
Au final, on comprend que l’utilisation d’un Passage par Rork a conduit à déséquilibrer un univers parallèle et que le corps et l’esprit du héros sont restés en suspens entre la Terre et tous les mondes  parallèles.
 
Tous les héros des Fragments se rassemblent autour du corps en lévitation de Rork.
 
Passages offrent donc beaucoup de réponses sur le personnage de Rork (son enfance, son initiation à l’ésotérisme, sa nature surhumaine, ses pouvoirs) mais ne dévoile pas l’essentiel : l’origine du héros (qui sont ses parents ?) et son destin (comment et pourquoi est-il sur Terre) ?



Pour conclure, on peut dire que l’apport principal de cet album est de donner une cohérence à la saga Rork en reliant les intrigues et les personnages et d’ouvrir une perspective sur la suite de la légende.



Le style Andréas
 
Il faut aussi noter la montée en puissance de la signature graphique d’Andreas.

Dans un style cinématographique, il invente en permanence des découpages de planches pour dynamiser l’action (pp. 26) ou  entretenir le suspense (p. 48).

Le jeu sur les couleurs est inventif.
Les rêves ultra-colorés de Rork enfant en pp. 17-18 sont ultra-colorés pour souligner leur fantasmagorie tandis que l'histoire sur la disparition de Bernard Wright ne repose que sur une gamme chromatique très limitée qui renforce l'effet flash-back de l'histoire et son caractère oppressant autant que le réalisme de la séquence suivante relatant l'évasion de Rork.
Dans le Cimetière des Géants, Andreas retire des couleurs (pp. 26-28) à mesure que Rork s'enfonce dans le monde parallèle avec son passeur.

Cet épisode où Tanemanar initie Rork au secret des Passages offre une belle illustration de la maîtrise d'Andreas.

La page 24 est composée de 6 cases verticales disposées les unes à côté des autres, occupant toute la page.
On démarre au-dessus de Rork et son maître. A mesure qu'ils s'enfoncent dans la forêt, on s'approche d'eux, puis on s'en éloigne de nouveau, et on finit par se retrouver très en deçà des deux personnages.
La page dessine donc deux diagonales. La caméra descend de l'extrême haut/droit vers l'extrême bas/gauche tandis que les personnages suivent les extrêmes inverses à mesure qu'ils évoluent dans la forêt.

Rork Tome 2 / Passages (page 42)

lundi 7 mars 2011

Maurice Pialat // Nous ne vieillirons pas ensemble


L'histoire :
L'histoire d'une rupture entre une femme, amoureuse, malheureuse et passive, et un homme caractériel qui la méprise. Il ne parvienne plus à se supporter, ni à vivre l'un sans l'autre. 
Elle finit par le quitter.
Il découvre trop tard qu'il l'aime en retour.





Mon avis :
Ce film largement autobiographique de Pialat est filmé dans le style ultra naturaliste habituel du réalisateur. Le scénario est presque austère, entièrement centré sur le sujet de la rupture. Le film est entièrement porté par ses acteurs qui déroulent de longues scènes dialoguées, aux airs faussement improvisées, très Nouvelle Vague.
Tout est conçu pour renforcer l'effet de naturel, de véracité, de banalité tragique d'une histoire à laquelle chacun peut s'identifier.
Le choix des acteurs avec Marlène Jobert, lumineuse et chétive, face à un Jean Yanne massif et brutal, est judicieux. 

La violence, rentrée ou explosive, verbale et physique, du personnage de Jean infuse une peur et une tension dans tout le film. Son mépris, son désespoir, son incapacité à aimer la vie, légendaire chez Pialat, en font une grande figure masculine, presque romantique. 
Le personnage de Catherine (Marlène Jobert), d'abord fascinée et dépendante de son amant, qui finit par trouver le courage d'inverser les rôles, par mettre autant de ténacité dans son mépris pour Jean que de passion dans son amour, est également très fort. 

La scène finale, où Catherine achève Jean ("Tu me promets que tu ne feras pas de bêtises? Si tu mourais, cela ne me ferait aucun effet, mais je ne voudrais pas qu'on croit que c'est de ma faute, ça me gênerait..."), qui rejoint ensuite les cohortes de voitures, avant de revoir les images-souvenirs de Catherine, symbole des femmes aimées et à jamais perdues, nageant dans la mer, est éblouissante.

Jean Yanne a reçu pour son rôle le Prix d'interprétation à Cannes en 1972.





Film franco-italien de Maurice Pialat (1972), avec Marlène Jobert, Jean Yanne, Macha Méril. 106 minutes.
Musique : Extraits de La Création de Joseph Haydn.