mercredi 17 février 2010

A simple plan (Sam Raimi)


Sam Raimi aime explorer le film de genre.

En l’espace de 30 ans, il s’est déjà essayé au film d’horreur (la trilogie Evil Dead), aux épopées super-héroïques (Darkman et la plutôt réussie trilogie Spider Man) et même au western avec Mort ou Vif.

Difficile de réussir toutes ces incursions dans des genres aussi différents, comme le montre le ratage de Mort ou Vif, western prétentieux et soporifique, qui parvint même à rendre mauvais Gene Hackman dans un rôle de méchant pourtant taillé sur mesure (et aussi Sharon Stone, mais on y est plus habitué).

C’est donc avec une certaine appréhension que je m’apprêtais à visionner une rediffusion de A Simple Plan sur Be TV.

Je ne fus pas déçu, quelle réussite !

Comme signalé par le titre, l’histoire est simple : dans un Minnesota enneigé, trois hommes ordinaires découvrent par hasard un magot égaré et décident de se l’approprier en secret.

S’ensuit une spirale infernale de meurtres, de trahisons, de confessions familiales et conjugales déchirantes, pour un bien piètre résultat…

Le film pose la question classique du poids des principes moraux face à la tentation de l’argent facile dans le pays du rêve américain.

Inexorablement, la rapacité des personnages balaie toute barrière morale et le crime et le mensonge s’approchent de plus en plus de nos apprentis malfaiteurs.

Le scénario renverse les âmes et les rôles.

Hank, sous ses allures de gendre idéal, pilier moral et intellectuel de la bande, sacrifiera tout sur l’autel de ses intérêts égoïstes.

Son frère Jacob, présenté comme un demi-attardé mental, dévoilera au fil de l’intrigue un sens moral et un esprit d’observation étonnant et finira comme le seul à conserver un peu de compassion et de lucidité sur les actes commis par la bande.

Les acteurs, époustouflants, déploient tous les registres.

Billy Bob Thornton (Jacob), méconnaissable et enlaidi, est bouleversant dans son second rôle de frère éternel perdant.

Bill Paxton (Hank) est parfait dans sa composition d’un américain moyen qui parvient à garder son calme dans les pires situations, qui va jusqu’au bout de sa logique immorale en n’hésitant jamais à manipuler son entourage.

La palme revient à Bridget Fonda, qui joue l’épouse de Hank.
Figure maternelle pleine de douceur au début du film, c’est elle qui doute le plus dans les premiers instants avant de basculer plus que tout autre dans une rapacité froide mais néanmoins rageuse et implacable.

La scène où, sur son lit de maternité, elle dicte à Hank la façon de se débarrasser de Lou (le 3eme comparse de la bande devenu gênant), dans un gros plan sur son visage enfantin, les yeux fixant l’horizon, embués de folie et de détermination, est purement mémorable.

Le décor s’impose comme un personnage central avec un Minnesota hors du temps qui présente, comme Hank, les apparences trompeuses d’un lieu vierge de toute tentation.

Mais la neige, blanche et immaculée, qui illumine les décors, cache aussi les indices des forfaits et symbolise le voile de pureté apparente jeté sur les consciences.

L’avion écrasé dans la forêt qui recèle le trésor, fait l’office d’une boîte de Pandore diabolique, escorté d’une armada de corbeaux annonciateurs des malheurs à venir.

Une parfaite maîtrise du cadre, des dialogues ciselés (en l’occurrence parfaitement traduit en français), la musique mélancolique de Danny Elfman parachèvent ce beau tableau.

Film américain de Sam Raimi avec Bill Paxton, Billy Bob Thornton, Bridget Fonda. (121 mn.)

Bande annonce :

Un plan simple
Bande annonce vost publié par CineMovies.fr - Les sorties ciné en vidéo

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