samedi 6 février 2010

Vu à la TV : Martyrs


Il y a des films qui marquent la mémoire au fer rouge.

Des films qu’on ne peut s’empêcher de visionner jusqu’à leur terme même si leur spectacle est insoutenable.

C’est peu de dire que Martyrs appartient à cette sympathique famille.

Martyrs est littéralement conçu pour ligoter le spectateur, l'obliger à accompagner jusqu'à la dernière minute l'escalade de l'horreur.

Tout d'abord, l'on est déstabilisé par un film qui est toujours là où on ne l'attend pas, passant sans cesse d'un genre à l'autre (horreur, thriller, mélodrame, fantastique...), évacuant des personnages principaux qui cèdent brutalement leur place - peu enviables - à d'autres, inversant les rôles de bourreaux et de suppliciés...

Les lieux renferment de sombres couloirs menant à des pièces secrètes qui conduisent à un complot...

A plusieurs reprises, on croit que le film est arrivé à son terme, qu’on a atteint le stade ultime de la violence, avant que ne démarre une nouvelle histoire, que le gore ne franchisse un nouveau stade… pour finalement déboucher sur une question métaphysique laissée sans réponse...

Sur la forme, Pascal Laugier a choisi un style ultra-réaliste : caméra à l'épaule, montage frénétique ; on ne nous épargne rien des tortures subies par le protagoniste (crânes pulvérisés, gros plan sur des lacérations au cutter, marres de sang...).

Cette impression de réalité renforce les mécanismes d'identification aux personnages, associe le spectateur à leurs souffrances et limite ainsi toute capacité de distance.

A cet égard, comme le rapportait Tecknikart (n°125, page 103), Pascal Laugier est bien l’anti Haneke.

Puisque Martyrs est aussi un thriller, le suspense est très bien géré : la question obsédante du mobile des bourreaux tend toute la vision du film.

Mais lorsque ce mobile apparent est découvert, le film se poursuit, on comprend qu'il ne s'agissait que d'un prétexte. Que la question, comme la quête métaphysique des bourreaux ne peut que rester sans réponse.

Comme tout film d'horreur, Martyrs est bien une métaphore, aux frontières de l'expérimental, qui questionne son époque (la fin des utopies, les rapports de domination, la souffrance des perdants, le sens d'une violence perpétuelle qui se nourrit d'elle même...) et la complaisance du regard du spectateur.

Enfin, il faut souligner l'interprétation des actrices et le travail remarquable du maquillage et effets spéciaux.

Impressionnant!

Date de sortie : 3 septembre 2008
Réalisé par Pascal Laugier
Film français
Avec Mylene Jampanoï, Morjana Alaoui
Durée : 1h40min
Titre original : Martyrs
Bande annonce :

Comme Au Cinema

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire